Subjectivité Nomade et Écoute Analytique

Résumé

L'article examine les transformations de la subjectivité dans les sociétés contemporaines hypermobiles et les défis qu’elles posent à l’écoute psychanalytique. En s’appuyant sur la notion de «?subjectivité nomade?» de Rosi Braidotti, il distingue l’exilé, le migrant et le nomade comme configurations psychiques et temporelles distinctes. Alors que l’exilé demeure attaché au passé par la perte, et que le migrant habite un temps bureaucratique suspendu, le nomade construit son identité à travers le mouvement et la transition plutôt qu’à travers l’appartenance. En mobilisant le concept de «?non-lieux?» de Marc Augé — espaces de transit dépourvus de mémoire — le texte soutient que la psychanalyse peut transformer ces vides en lieux de rencontre porteurs de sens. Les vignettes cliniques de «?patients nomades?» révèlent la fragmentation, l’anxiété et la difficulté à créer des liens dans la mobilité constante. Dans cette fluidité, la fiabilité et la constance temporelle de l’analyste deviennent des points d’ancrage pour l’historisation et la localisation subjective. La mobilité est envisagée comme une hiérarchie sociale et une condition psychique, exposant les contradictions entre nomadisme numérique privilégié et migration forcée. La psychanalyse est invitée à habiter l’«?entre-deux?», où identité, langue et appartenance demeurent ouvertes, hétérogènes et en perpétuelle construction.